Sommet du G20 à Toronto : la Chine veut discuter, mais surtout pas du yuan
Le week-end prochain (26 et 27 juin) doivent se retrouver les chefs d’Etat des plus grandes puissances de ce monde lors du quatrième sommet du G20 qui se déroulera à Toronto. Hu Jintao se rendra au Canada dès le 23 juin avant de discuter avec son homologue, le Premier ministre canadien Stephen Harper. Leurs négociations devraient être axées sur les ressources énergétiques canadiennes, que la Chine convoite.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a annoncé jeudi la venue de Hu Jintao, a également ébauché les quatre thèmes majeurs sur lesquels la Chine souhaite travailler. Primo, la Chine souhaite que le FMI règle sa réforme des quotas, ce qui donnerait davantage de poids aux pays émergeants. Elle espère également faire progresser les contrôles sur la finance internationale. Secundo, la Chine veut que le cycle de Doha aboutisse, et donc manifestera son animosité envers le protectionnisme. Tercio, Hu Jintao tentera de mettre au cœur des débats la question des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont l’ONU doit débattre en septembre, et ce afin que le G20 apporte son aide aux pays en voie de développement. Enfin, la Chine souhaite aborder le sujet le plus important dans l’immédiat, à savoir la crise financière européenne.
Mais le sujet que la Chine se refuse à aborder, à l’inverse de nombreux autres Etats, est bien celle du yuan, fixé à une parité de un dollar pour 6.8 yuans depuis près d’un an, et sans doute sous-évalué d’au moins 25% : en effet, les partenaires commerciaux de la Chine fustigent cette politique de monnaie faible, qui participe aux énormes excédents commerciaux qu’elle génère. En mars, la Chine avait connu son premier déficit commercial depuis 2004. Mais en mai, l’excédent commercial a bondi à 19,53 milliards de dollars : les exportations, ainsi en hausse sur douze mois de 48,5%, ont atteint près de 132 milliards de dollars.
Les Etats-Unis, principale « victime » de la sous-évaluation du yuan, souhaiteraient donc réévaluer la valeur de la monnaie chinoise. Dominique Strauss-Kahn, président du FMI, a par ailleurs indiqué le 10 juin dernier que « quelque chose doit évidemment être fait à propos du yuan ». La Chine semble, quant à elle, peu encline à satisfaire ces demandes, d’autant que la chute de l’euro a participé au renforcement du yuan par rapport à la monnaie européenne, alors que l’Europe est aussi un pôle majeur d’importations de produits chinois.
Encore une raison pour ne pas revoir la valeur du yuan, car pour la Chine le yuan relève de la souveraineté nationale et sa valeur ne doit pas être débattue de façon internationale. Mais combien de temps la Chine résistera-t-elle face aux pressions occidentales ?